L’été s’est achevé sur une agitation peu commune à l’ermitage de la Cordelle. Du lundi 22 au dimanche 28 août, une dizaine de jeunes bénévoles, entourés par les frères et une petite équipe de professionnels, se sont retroussés les manches pour aplanir l’espace attenant à la chapelle et monter des murs en pierre. Une première, tant pour les frères que pour la plupart de ces jeunes, sur laquelle ils témoignent aujourd’hui.
Le chantier a regroupé à la fois des personnes venues d’horizons différents et d’autres qui viennent d’un petit réseau : Route d’Assise, WEFA… « Certains découvrent les franciscains, il y a quelque chose d’une liberté qui les étonne un peu, d’une proximité qu’il n’y a peut-être pas ailleurs. Les gens ont aussi l’air touchés par ce climat de fraternité et de simplicité où la prière fait partie de la vie » confie Fr. Éric Moisdon, gardien de l’ermitage de la Cordelle. « Et c’est impressionnant de voir comment, en travaillant ensemble, on apprend à se connaître sans nécessairement se dire beaucoup de choses. »
FAIRE ENSEMBLE
Tel le mortier qui joint les pierres entre elles, cet esprit fraternel a beaucoup marqué les bénévoles. Sylvain, l’un des participants, en témoigne : « On se sent vraiment portés les uns par les autres dans le travail. Quand on fait ensemble, on apprend à se connaitre et les barrières tombent. » En somme, « la mayonnaise a bien pris ! » résume avec humour Thierry, le cuisinier qui a contribué lui aussi à la réussite du chantier en mettant des couleurs et des saveurs dans les assiettes. Arrivée à la Cordelle depuis Toulon sans vraiment savoir à quoi s’attendre, Sarah-Line s’émerveille aussi sur cette fraternité qui est née de ce chantier : « Petit à petit, en montant chacune des pierres, en découvrant les personnes, en ayant une certaine complicité qui se développe, travaillant tous ensemble sur la même chose, il y a une communion qui se crée. »
« Il était important, ajoute Fr. Éric, que les frères soient aussi pleinement présents sur ce chantier, avec les bénévoles : Florent, Jean-Paul, Patrice… Ça créé un rapport différent de celui d’une Église hiérarchique. Comme à la Route d’Assise par exemple, où frères, sœurs et jeunes marchent tous ensemble. Et puis le travail manuel fait aussi partie de notre vocation, de notre vie. Ce n’est pas du cinéma pour un temps fort de l’année, c’est quelque chose qu’on espère faire durer. »
LA GRÂCE DU LIEU
Pour Fr. Patrice Kervyn, épaté par le « zèle au travail comme à la prière » du groupe de jeunes, la grâce du lieu porte beaucoup également. « La Cordelle ne laisse pas indifférent et je crois que ça joue, c’est quelque chose qui nous dépasse et qui me confirme dans cette responsabilité que nous avons de faire vivre ce lieu, parce qu’il suscite un zèle, une ardeur, une ferveur. C’est quelque chose qui nous est donné. »
Participante au chantier en apportant notamment son aide précieuse en tant que tailleuse de pierre, Marion confie aussi son attachement à ce lieu qu’elle fréquente depuis quelques années. « C’est la première fois que je donne autant de sens dans le fait de rendre quelque chose à un lieu qui est si important pour moi. Cette semaine est une expérience de plus à inscrire dans tous ce que la Cordelle a pu m’apporter de bénéfique. »
LA PREMIÈRE PIERRE
Mais ce chantier n’est que la première pierre, le début de vastes travaux qui s’inscrivent dans une démarche plus globale de réflexion sur l’avenir du lieu. « On enclenche un processus, c’est l’aube de quelque chose » poursuit Fr. Éric à propos de cette semaine. « Après avoir installé et béni la nouvelle croix de Saint-Damien au début de l’été, c’est pour nous le premier chantier ici. Et c’est heureux de commencer par cet espace près de la chapelle, le lieu qui est le plus fréquenté. »
Pour ce futur chantier, dont nous avons d’ailleurs consacré un article dans le prochain numéro de notre revue En frères, « d’autres gens viendront aussi poser leurs pierres, pour continuer de rebâtir l’Église ensemble, même si c’est d’autres murs que ceux de l’église ici. » Mais c’est là une autre histoire…
Henri DE MAUDUIT
« C’est impressionnant de voir comment, en travaillant ensemble, on apprend à se connaître sans nécessairement se dire beaucoup de choses. »






