« À Lourdes, CINQ CAPUCINS AU SERVICE DES pèlerins »
À Lourdes, une fraternité de frères capucins sert le sanctuaire depuis 2017 sur demande de l’évêque du diocèse. Nous avons voulu leur donner la parole pour qu’ils nous partagent comment ils essayent, simplement et avec cohérence, de vivre leur vocation sur le sanctuaire.
Au pied de la Grotte, dans la masse colorée des visiteurs réunis en ce froid matin de janvier, une présence suscite quelques photos et sourires étonnés. Le Frère Donatello Atzeni, sandales aux pieds et cordon à la taille, traverse la place enneigée, un léger sourire aux lèvres. Certains espèrent de lui une parole de réconfort ou une bénédiction. D’autres, dépassant leur timidité, souhaitent solliciter un entretien individuel, “simplement pour discuter”. C’est dans ces moments gratuits et cachés que se révèle peut-être le mieux la vocation des frères capucins de Lourdes : une présence fraternelle et gratuite, pour soulager un peu la souffrance des pèlerins les plus démunis.
VIE DE PRIÈRE ET DE FRATERNITÉ
La fraternité des capucins de Lourdes a été créée en 2017 dans le cadre du projet européen Saint Laurent de Brindes, avec pour objectif de “raviver la flamme du charisme” capucin dans le sanctuaire. Le frère Jean-Marcel Rossini, gardien de la fraternité et chapelain de Lourdes, fait partie des 3 frères arrivés il y a six ans d’Italie pour impulser le projet. “Ici, le cœur de notre présence est la fraternité. Cela signifie que nous pouvons tout faire, à condition que notre apostolat respecte notre vie fraternelle. Notre vie de prière est aussi centrale, car c’est notre relation à Dieu qui fait notre force. Nous devons donc toujours veiller à ce que ces deux piliers restent une priorité”, explique-til. Fr. Donatello Atzeni, arrivé avec Fr. Jean-Marcel Rossini en 2017, poursuit : “Pour nous, Capucins, le risque à Lourdes serait de trop nous donner dans l’apostolat, car nous sommes très sollicités”. Ce charisme de fraternité est vécu à différents niveaux par les frères : au sein de leur propre couvent le matin et le soir, à la maison des chapelains du sanctuaire, où ils déjeunent chaque midi, ou encore quotidiennement auprès des pèlerins. Cette place donnée à la vie fraternelle faciliterait d’ailleurs grandement le contact avec les visiteurs de Lourdes : “Depuis six ans que nous sommes là, les gens nous disent qu’ils sont touchés par notre simplicité et notre manière de nous approcher d’eux. Je crois que nous comprenons d’autant mieux leurs problèmes que nous vivons nous-même au sein d’une grande famille, qui a aussi ses propres difficultés”, confirme Fr. Donatello Atzeni.
“Une présence fraternelle et gratuite, pour soulager un peu de la souffrance des pèlerins les plus démunis”
UN APOSTOLAT ENTRE OMBRE ET LUMIÈRE
Cette vie de frères capucins à Lourdes n’est pas exempte de défis. L’été notamment, lorsque la petite ville de 15 000 habitants se remplit de millions de pèlerins, les cinq frères sont exposés à une visibilité à laquelle leur vocation ne les avait pas prédestinés. “Ici, nous avons été lancés dans un monde totalement différent de celui du petit couvent”, sourit Fr. Donatello Atzeni. “Nous apparaissons régulièrement à la télévision par exemple, ou sur grands écrans. Pour moi, c’était un peu difficile au début car je ne voulais pas de tout cela. Mais cette visibilité nous a été demandée, et nous devons apprendre à vivre avec, tranquillement”. Fr. Jean-Marcel Rossini reconnaît de son côté être “un peu sauvage” : “Je n’aime pas trop toutes ces photos, mais nous savons aussi que les gens ont besoin de cela ! Les pèlerins viennent souvent à Lourdes pour des raisons terribles. Alors nous sommes là pour eux, nous les écoutons, et nous acceptons aussi qu’ils nous prennent en photo.” Porter la bure — signe visible pour les frères de leur consécration invisible — est malgré tout une manière de manifester la présence capucine dans le lieu marial, et de faciliter la rencontre avec les pèlerins. “Les gens viennent à nous justement parce que nous portons la bure”, confirme Fr. Jean-Marcel Rossini. “Quand ils reconnaissent notre cordon, cela crée une proximité que je trouve très belle, on se sent être frères du peuple.”
ACCUEILLIR LA SOUFFRANCE DES PÈLERINS
Par leur présence attentive et incarnée, les cinq capucins pansent depuis six années la souffrance de femmes et d’hommes venus déposer à la Vierge Marie leurs difficultés. À l’image de leur fondateur, les “Mineurs” se laissent transformer par cette souffrance, qu’ils méditent quotidiennement dans leur prière. “En six ans que je suis ici, la souffrance des pèlerins m’a beaucoup donné, et fait grandir dans ma vocation religieuse. Saint François d’Assise, qui était un frère mineur, était tout transformé par la souffrance du Christ. Lourdes nous invite à vivre de même, jour après jour”, témoigne Fr. Donatello Atzeni.
Claire RIOBÉ

