À Banneux, au pied de la “VIERGE DES PAUVRES” 

Du 12 au 13 novembre 2022, à l’initiative des différents diocèses de Belgique, près de 200 personnes en précarité se sont rassemblées à Banneux, au sud de Liège, pour un pèlerinage à l’occasion de la 6e Journée mondiale des pauvres. Fr. Dominique-Marie Delbecque, en fraternité à Bruxelles, était présent et témoigne aujourd’hui sur ce temps fort qu’il a vécu.

L’édition 2021 avait été un succès et on n’hésita pas à renouveler l’expérience, en 2022, à l’initiative des Services de solidarité des diocèses belges pour répondre à un désir fort des personnes en précarité. Car voilà un lieu qui les touche tout particulièrement : depuis la première moitié du XXe siècle, le sanctuaire marial de Banneux, situé au pied du massif ardennais, accueille des centaines de milliers de pèlerins venus prier en ce lieu d’apparition et confier leurs intentions à la “Vierge des Pauvres”.

FAIRE ENSEMBLE

En ce week-end de novembre, ils sont 80 à partir en train depuis Bruxelles pour retrouver l’ensemble des pèlerins venus des quatre coins de la Belgique. “Aussi bien des personnes âgées en précarité que des personnes de la rue. Ce qui est beau c’est que tous les évêques belges sont aussi au rendez-vous” témoigne Fr. Dominique-Marie qui accompagnait ce groupe au départ de la capitale.
Au programme : ateliers de danse, de guérison, de théâtre ou encore de chants. “Le but étant vraiment de faire ensemble” insiste-t-il. Ainsi en témoigne le choix, lors du chemin de Croix du dimanche matin, de laisser les personnes de la rue porter la Croix. “C’était un moment très fort et très émouvant. On essaye de toujours partir d’eux. Par exemple, après la lecture d’un passage de l’Évangile, à chaque station il y avait un temps libre pour que chacun puisse confier quelque chose de sa propre histoire. Ainsi, ils étaient partie prenante de tout. De même, pendant la messe, les enfants de chœur étaient aussi des personnes en précarité. Il y a eu une vraie participation des personnes pauvres !”

OFFRIR DES ESPACES DE PAROLES ET DE RENCONTRES

Un jour de janvier 1933, lorsque la Vierge apparaît à la petite Mariette et se révèle sous le nom de la “Vierge des Pauvres”, elle lui indique une source d’eau “réservée pour toutes les Nations… pour les malades.”(1) Près d’un siècle plus tard, les pèlerins sont encore invités à puiser à cette source. Dans un geste rappelant celui du baptême, chacun put plonger ses mains dans l’eau fraîche de ce mois de novembre. “Pour moi, en tant que franciscain, c’est quelque chose d’extraordinaire et de très beau ce qui se vit là. C’est l’Église des pauvres, il y a des gestes qui me renvoient directement à l’Évangile et qui me touchent” raconte, non sans émotion, Fr. Dominique-Marie. “Quand ils plongeaient leurs mains dans l’eau, j’essayais d’accompagner cela en leur disant une parole. Puis les personnes pouvaient confier leur histoire, leur vie, leurs épreuves…”
Animateur d’un carrefour sur les souffrances, Fr. Dominique-Marie a ainsi pu contribuer à offrir cet espace de parole précieux pour les personnes de la rue. “Elles ont pu dire les ras-le-bol de leur vie, les maltraitances, les regards cassants qu’elles subissent au quotidien…”

VIVRE L’ÉGLISE DES PAUVRES

Après deux jours intenses faits de joies fraternelles, de prière et d’émotions, la question s’est posée d’offrir une certaine continuité tout au long de l’année. “Avec les organisateurs on s’est demandé : que peut-on proposer d’un point de vue spirituel le reste de l’année ? Pâques, Noël, la Toussaint, etc. : comment vivre ces temps forts liturgiques ensemble ? Ce sont de véritables questions qui nous animent. Au niveau du diocèse de Bruxelles, on réfléchit par exemple à l’idée de développer une pastorale des pauvres. Parce qu’on a bien vu qu’ils sont demandeurs et reviennent à chaque évènement.” Et du côté des diocèses, Fr. Dominique-Marie se réjouit du soutien des évêques. “Ils nous encouragent, participent, notamment au pèlerinage de Banneux, tout en nous laissant faire.”
Mais au-delà de l’idée de ponctuer l’année d’évènements, l’enjeu est surtout de faire Église, particulièrement dans le cadre du Synode sur la synodalité lancé par le pape François en 2021. Ainsi, en juin 2022, la fraternité du Chant d’Oiseau a accueilli pas moins de 90 personnes en précarité pour une journée avec un repas offert par les frères. Des responsables du synode pour le diocèse de Bruxelles étaient présents et ont pu échanger avec les personnes en précarité. Ce jour-là, Fr. Dominique-Marie a pu s’émerveiller de ce qui a été vécu. “C’était beau car ce sont les autres qui sont venus aux pauvres et non l’inverse. Ils ont confié ne pas se sentir accueillis dans l’Église. On ne leur donne pas leur place, on les regarde autrement… Pourtant eux aussi veulent faire Église.”

Henri DE MAUDUIT

Le sanctuaire Notre-Dame de Banneux est l’un des lieux les plus visités de la région de la Wallonie.

De janvier à mars 1933, la Vierge Marie est apparue à huit reprises à Mariette Beco, une petite fille de 11 ans issue d’une famille modeste. Elle lui indiquera une source et se révèlera sous le nom de la “Vierge des Pauvres”, lui confiant, le samedi 11 février 1933, le cœur de son message : “Je viens soulager la souffrance.” En mai 1985, le pape Jean-Paul II se rendra sur le lieu des apparitions et rencontrera la voyante. Aujourd’hui, entre 450 et 500 000 visiteurs se rendent chaque année à Banneux.

(1) Plus d’informations sur www.banneux-nd.be/fr